Entrée fracassante - Edna

C'était quoi ce trou paumé ? Le jour avait pointé le bout de son nez et il n'y avait rien d'autres que des champs, des arbres, bref, des espaces verts partout. Et rien que ça. Une petite ferme aussi, par-ci par-là. Il avait suivi sa trace jusque-là. Elle... Il avait encore du mal à enregistrer son nom, mais ça viendrait. De toute façon, Elle ne connaissait pas le sien. Pas encore. Déjà, chaque soir, il relisait sa carte d'identité, mordillant parfois le plastique en imaginant à un morceau de sa peau. Elle hantait son esprit, jour et nuit. La bonne nouvelle c'est qu'avec une apocalypse de zombies, et lorsqu'il ne reste plus qu'un dixième de la population encore en vie, c'est qu'il pouvait se soulager où bon lui semblait. Et ça le faisait marrer. Il avait toujours eu des fantasmes un peu bizarre, notamment celui de baiser dans les herbes folles sous le soleil. Bientôt, il partagerait ça avec Elle. Et dire qu'on disait de lui qu'il était un homme bizarre avec les femmes, il ne voyait pas pourquoi. C'était leur faute à elles, là, ces mal baisées, faibles et incapables de se démerder seules. Il méritait une femme comme Elle. Et elle méritait un homme comme lui, un vrai.

Pour éviter de trop consommer de carburant, il était descendu de sa bécane, la faisant rouler et avancer simplement, ses mains sur le guidon, marchant tout contre. Elle ne partirait pas aussi vite de West Point et il avait trouvé que ses dernières traces menaient à une ferme, pas loin. Les zombies étaient trop stupides et les quelques mortels qui restaient semblaient loin de ce trou à rats pour se soucier d'un tas de feuilles qu'il avait soigneusement déposées sur sa moto pour éviter d'être repéré. Arme – de fortune - en mains, il traversa la reste du champ pour rejoindre l'entrée de la ferme. D'un coup de pied, il ouvrit la porte de la petite maisonnette :

" - Y a quelqu'un ? Zombies ? Humains ? Rien ? ".

D'un côté, c'était mieux s'il n'y avait personne. Personne à qui parler, personne à tuer. Il aurait quand même bien kiffé se retrouver nez-à-nez avec elle. Alors, madame Auxson-Reed, on se balade sans son mari ?

Edna n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Résultat, ses yeux n'avaient cessé de se fermer depuis le petit jour et elle avait fini par décider de s'octroyer une courte sieste de vingt-quatre minutes (la sieste idéale pour la NASA, d'après les journaux). À l'abri dans la ferme où elle avait élu domicile, elle avait parlé en télégraphie optique avec un mec tout seul avec son chien dans une baraque à l'Est. Ça lui avait fait du bien, de savoir qu'il y avait encore de la vie dans ce bled qui puait la mort. Et puis, elle avait tenté de se concentrer sur le nombre de munitions restantes, avait fait des pompes et des abdos. Et puis s'était endormie, assise sur une chaise de bureau, les pieds sur la table, prête à bondir si un zombie venait renifler du côté du deuxième étage.

Un bruit soudain lui fit ouvrir les yeux alors qu'elle n'en était qu'à quinze minutes de sommeil. Ses mains se resserrèrent sur la hache de pompier qui l'attendait par terre, alors qu'elle revenait sur ses pieds presqu'immédiatement. Et une voix d'homme s'éleva, appelant pour voir s'il y avait quelque chose de vivant dans cette ferme apparemment abandonnée. Pour elle qui vivait dans le silence le plus complet depuis deux jours -à part quand elle écoutait la radio- la parole de l'inconnu semblait être un cri trop sonore pour ne pas attirer les zombies. Mais ça ne devait être qu'une impression.

Sans faire de bruit, l'ex-agent de la CIA sortit du bureau à pas feutrés, hache en main droite, et commença à descendre les escaliers en bois, en marchant sur les bords pour ne pas les faire grincer. Un bruit suspect pousserait n'importe qui à assumer qu'il y avait des zombies, et s'il était muni d'une arme à feu et qu'il était bon tireur, elle pouvait très vite finir avec une balle entre les deux yeux. Et ça n'était absolument ce qu'elle visait comme poursuite d'existence. Arrivée au premier étage du bâtiment d'habitation de la ferme, elle s'éclaircit la voix et lança, par dessus la rambarde, sans pour autant descendre au rez-de-chaussée : « Vous trouvez que c'est trop tranquille ici, c'est ça ? Vous voulez ameuter les autres ou quoi ? » Sous-entendu : vous êtes cons ou quoi ?

Elle ne le voyait pas encore et, malgré la curiosité qui la titillait, elle restait au premier, par mesure de sécurité.

Son entrée fracassante dans la maisonnette fut suivit du silence le plus complet. Elle n'était pas ici. Non, il n'y avait aucune âme qui vive ici. Ses yeux scrutèrent chaque coin et recoin de l'entrée avant de pénétrer les lieux. Ses doigts ne desserrèrent pas leur emprise sur l'arme tandis qu'il avançait prudemment. Il pencha la tête sur le côté, espérant entrevoir rapidement la cuisine, le salon ou une toute autre pièce mais, bordel, ce que la maison était grande. Lui qui avait toujours eu l'habitude des espaces petits avec des meubles qui s'entassaient les uns sur les autres pour gagner ne serait-ce qu'un peu d'espace... Son ancien appartement devait certainement faire la taille de l'entrée. Plus détendu, il se surprit même à sourire un peu. Bah, même s'il trouvait pas la nana, il pouvait toujours s'installer ici pour le moment, en espérant y trouver un peu de quoi se nourrir.

Satisfait néanmoins, il posa à terre son arme bidouillée, sans pour autant la lâcher, et s'en servit comme bâton pour marcher dans la maison. Enfin, il découvrit le salon. Çà avait des allures de scène de cinéma avec la cheminée, le beau plancher en bois peint et le canapé rouge... Enfin, rouge de sang. Une grimace déforma son visage. Quelle merde. Même ici il devrait se frapper le ménage ? C'était une blague ? Les dieux se jouaient de lui, hein ? Enfoirés. Ils devaient bien se marrer ces connards. Un grognement bestial s'échappa de ses lèvres et alors qu'il allait exprimer sa colère en un juron, il entendit la voix d'une femme s'élever dans la maison. Il n'était pas seul.

D'un geste vif, il reprit son arme en main. S'il était chanceux, c'était la belle rouquine. S'il ne l'était pas, il pourrait toujours s'en servir comme esclave sexuel jusqu'à en avoir marre de voir sa gueule de grognasse :

" - Ouais, j'pensais même à carrément faire une fête, genre, pendaison de crémaillère pour fêter ma nouvelle acquisition...".

Il ricana entre ses dents, reniflant bruyamment avant de cracher sur le canapé. Il était inutilisable, dégueulasse et Dick n'allait certainement pas nettoyer cette merde. A moins que sa nouvelle petite esclave s'en charge pour lui ?

" - Écoute, ma biche, si ça s'trouve, on est les deux seuls pecnos en vie dans ce village merdique. J'vais être franc avec toi ; j'cherche une nana qu'j'ai vu à Louisville. Elle a fait tomber son porte-feuille. J'veux simplement rester en vie jusqu'à lui rendre, okay ? J'veux pas d'embrouille, j'suis seul, à moitié armé, j'ai une putain de dalle et une envie de pisser, j'te dis même pas. Alors soit tu descends, soit j'monte mais j'te préviens que si on décide pas d'un truc dans les cinq prochaines minutes, j'pisse sur l'canap'. ".

Elle ne le voit pas, elle l'entend simplement. Une voix rocailleuse, presque éraillée, d'homme, de mâle. Elle passe sur la vulgarité du personnage sans visage pour le moment, ricane à la plaisanterie qui tient plus du sarcasme que d'autre chose, tout en soupesant la hache dans sa main. Elle recule, doucement, dans l'ombre, et s'appuie contre le mur tandis qu'il lui raconte sa vie. Louisville ne la fait pas tiquer, parce que c'est un trou paumé comme plein d'autres et que c'est sur la route pour West Point. Mais la mention du portefeuille éveille son attention et arque son sourcil. Ah oui ? Sourire en coin, elle se mordille le pouce gauche, avant de répondre d'une voix tout à fait paisible et pas intéressée du tout. « Pisse sur le canapé, chéri. De toute façon ça pue déjà le chacal. Et t'auras qu'à monter après. »
Pas de "je veux mon portefeuille", pas de "t'es louche, j't'enfoncerai bien ma hache entre les deux yeux". Juste ça. Et une précision qu'elle lance tout en grimpant de nouveau les marches : « J'suis au deuxième étage, si tu m'cherches. Mais dis-moi "ma biche" une seconde fois, et j't'éclate la gueule. »

C'était parce qu'il avait envie de pisser qu'il était en train de bander ou simplement la voix de cette femme qui lui donnait des idées lubriques ? Il eut un sourire, beaucoup trop large qui lui donnait un air inquiétant. Bordel. Si elle était pas sa rouquine, il l'ajoutait directement à sa sex list. Sa langue claqua contre son palais et il ferma les yeux, s'imaginant déjà entre ses cuisses, l'entendant couiner des vulgarités entre deux gémissements. Il se mordit la lèvre inférieure. Ouais, maintenant il avait envie de pisser et un putain de barreau qu'il n'arrivait pas à contrôler. Et au vu du caractère de la gonzesse, il était certain de finir frustré. Mais, paradoxalement, cette frustration l'excitait encore plus. Le plancher grinça sous les pas de la jeune femme, lui indiquant qu'elle remontait. Tant mieux, il adorait ça, le suspens. Ça l'émoustillait comme un adolescent qui découvrait pour la première fois la pornographie.

Sans plus attendre, il laissa tomber son arme au sol, défit sa braguette et s'amusa à pisser sur le canapé nonchalamment. Manquait plus qu'il pisse sur la demoiselle. Ou dans sa bouche. Oh, merde, fallait qu'il se calme. Il inspira et expira longuement, se secouant pour faire tomber la dernière petite goutte puis se rhabilla correctement avant de ramasser son arme :

" - Voilà, j'ai pissé, j'te rejoins. ".

Sur le chemin, il chercha du coin de l’œil un miroir. Fallait bien s'arranger avant de voir la nana, non ? Être un minimum potable. Surtout quand à la clé, pouvait y avoir un peu de baise. Il se passa une main dans les cheveux, ce qui leur donna un effet gominé qui, en d'autres occasions, l'aurait presque rendu présentable. Presque :

" - J'y pense mais, si tu veux pas qu'j't'appelle " ma biche ", va falloir que j'te trouve un autre surnom, vu qu'tu m'appelles " chéri ". J'peux pas encore t'sortir " ma belle " vu qu'j'ai pas encore vu ta frimousse. Est-ce que " mon cœur " ça t'convient ? ".

Il ricanait, encore, montant prudemment les marches une à une avec son arme entre les mains. C'est que c'est pas commode, ce genre de petit bout de femme. Le premier étage était dépassé, il entamait sa montée vers le second. Ses yeux regardaient tout autour de lui. C'était pas la première fois qu'il se faisait entuber par une femme, il savait à quel point ces grognasses pouvaient être fourbes. Des petits démons... Même si, lorsqu'il se retrouva face à elle, c'était plutôt la gueule d'un ange, qu'elle avait.

Putain de merde. C'était elle. Bouche bée, il aurait presque pu en lâcher son arme.

Le temps qu'il fasse ce qu'il a à faire, elle remonte au 2e étage de la ferme, baisse la fenêtre pour éviter que d'éventuels bruits attirent des indésirables. Et puis elle recharge son fusil à pompe, parce qu'on est jamais assez prudents. Pour un peu, le gars aurait pu inventer un énorme baratin, réussir son coup, et se dire qu'il allait profiter du fait qu'une faible femme soit seule pour qu'il puisse abuser d'elle sans être dérangé. Simple question de précaution, donc. Elle arme le M500, pointe le canon de son arme vers l'entrée de la pièce. Elle ricane encore lorsqu'il lui propose différents surnoms, mais ne répond que lorsqu'il est en vue (et en joue) : « J'suis pas trop surnoms. Mon ex-mari m'appelait "ma petite chatte", mais il a mal fini. » Tout en continuant à le viser, l'ex-agent de la CIA détaille l'apparence de l'homme aux cheveux gominés. L'arme de fortune qu'il s'est fabriqué étire un sourire quasi-moqueur sur les lippes de la rouquine. « Il semblerait que t'aies quelque chose qui m'appartient. Pourrais-tu me le rendre, s'il te plait ? Pas que ça me serve à grand chose maintenant, mais ça a une valeur… comment dire… sentimentale. » Elle hausse les épaules en disant cela, et son regard glisse vers le bas tandis qu'elle continue de l'observer tout en le menaçant toujours de son fusil. Un commentaire, finalement, s'extirpe de ses lèvres amusées, alors qu'elle remonte les yeux vers le visage du mâle : « On dirait que t'as l'air content de me voir. » Rapport à une certaine bosse à un certain endroit ? Que nenni !

Richard n'en revenait pas. Il l'avait retrouvée. Ses yeux clignaient, encore et encore, alors qu'il se persuadait intérieurement que non, il n'était pas en train de rêver. Bah merde alors. Cette coïncidence de fou quoi. Il avait du mal à détacher ses yeux de ses cheveux à la couleur des flammes. Quoi que, son regard avait de sacrés étincelles aussi. Il ne savait plus où donner de la tête, un peu chamboulé. Lui qui avait passé des jours à caresser ce rêve du bout des doigts, il la voyait enfin, en chair et en os. Le souffle court, il ne pouvait se résoudre à détourner le regard. Putain, il avait la queue en feu, là, et pas que. Tout son corps lui disait de foncer tête baissée, quitte à se recevoir une balle dans le crâne. Mais pour une fois qu'il évitait de penser avec sa bite... Lentement, il s'accroupit, une main en l'air, l'autre posant l'arme de fortune à terre avant de se relever et cette fois-ci, avec les deux mains en l'air. Il se ressaisit et de nouveau, ce sale sourire :

" - T'inquiète pas mon cœur, j'vais pas t'app'ler ma p'tite chatte. On est pas encore assez intime pour ça. Donne-nous quelques heures. ".

Le clin d’œil était sûrement en trop mais l'occasion était trop belle. Tant pis s'il finissait par crever comme une merde. Il s'humidifia les lèvres puis grimaça avant de plaquer ses mains sur sa propre nuque, comme il en avait eu l'habitude après une altercation avec les flics :

" - T'sais, Edna, j'suis pas con. Ce genre de trucs précieux, j'les cache. J'allais sûrement pas m'pointer avec. J'l'ai laissé dans un endroit sûr. J'te l'rendrais quand t'auras baisser ton flingue ma puce. ".

Son regard dévia alors sur son entre-jambe puis croisa à nouveau celui de la nana. Il ne put s'empêcher de pouffer. Qui a dit qu'il était pudique ?

" - Non, c'ma grosse bouteille d'eau, d'ailleurs, si t'as soif... ".

Tout chez lui était déplacé, insupportable et d'une perversion. Il haussa les épaules, gardant son petit sourire narquois au coin des lèvres :

" - Oh, allez quoi, Miss CIA, t'vas pas m'garder en joue toute la nuit. T'veux pas connaître mon p'tit nom, comment j't'ai retrouvé, comment j'ai rêvé d'toi durant des jours ? J'ai sali mes draps à cause de toi, t'sais ? ".

Il n'a pas l'air particulièrement impressionné par le fusil qu'elle pointe sur sa tête. Pour un peu, elle serait déçue. Mais d'un autre côté, il respire le danger, ou au moins le gars qui en a vu des vertes et des pas mûres. Et ce con l'appelle par son prénom, ce qu'elle apprécie moyen parce qu'elle se sait en infériorité au niveau de la connaissance de l'autre. Elle ricane lorsqu'il parle de sa bouteille d'eau, arque un sourcil en murmurant un « C'est une idée… » tout en se mordillant la lèvre inférieure. Il n'est pas une menace. En tout cas, pas une menace immédiate. Elle finit ainsi par abaisser le canon de son fusil, pour remettre le cran de sûreté et poser l'arme à terre. « C'est vraiment malhonnête de dire que t'as quelque chose, pour ensuite avouer qu'il n'est pas sur toi. » Elle s'approche de lui, menaçante même si dépourvue d'arme à feu. Ils se font face, leurs souffles pourraient presque se mêler, et elle fanfaronne. « En même temps, j'te fais pas trop confiance -tu m'excuseras, c'est le métier qui veut ça. J'te fouillerai bien pour vérifier que tu te paies pas ma tête. » Pour autant, elle n'esquisse aucun mouvement de la main vers une certaine zone bosselée. « Mais d'un autre côté, vu comment t'es et vu c'que tu m'dis, si j't'effleure, tu vas te salir. Y a du change ici, certes, mais ça serait moche. » Edna ne sait pas encore trop ce qu'elle veut faire. Elle le toise, simplement, malgré leurs quelques vingt centimètres de différence. C'est qu'il a réussi à la titiller, avec ses paroles salaces et ses désirs on-ne-peut-plus clairs. Et que, presque, elle serait favorable à se faire tringler par lui dans cette ferme miteuse et puante. Mais n'allons pas trop vite en besogne.« Alors, c'est quoi ton p'tit nom, chéri ? »

Bordel. Si elle pouvait juste arrêter d'être elle, ne serait-ce qu'une seconde. Une demi seconde ? Non, parce que là, il était juste au bord de l'extase total. Le plaisir allait atteindre son paroxysme. Il allait éjaculer dans son froque. S'il n'arborait pas ce sourire malsain, il serait certainement en train de garder sa bouche grande ouverte. Il serait certainement en train de baver comme un clébard devant un os juteux. Bien juteux. Elle baissa enfin son flingue. Lui, il n'avait qu'une envie ; qu'elle baisse son pantalon. Ou qu'il baisse le sien. En tout cas, qu'ils finissent à poil, quoi. Heureusement qu'il lui restait une once de bon sens sinon, il se serait masturbé devant elle sans gêne. Mais fallait se ressaisir. C'est pas parce qu'on a la bite en feu qu'il faut pas se la jouer gentleman. D'un autre côté, il était pas gentleman, alors, il s'en branlait complet. Il haussa les épaules, baissant progressivement ses mains avant de les foutre dans les poches de son jean :

"  - J'ai dit que j'l'avais... Mais qu'il était caché. Tu croyais vraiment que j'allais m'pointer ici avec mon bien le plus précieux ? ".

Il battait des cils comme une pucelle en manque, faisant la moue en pinçant les lèvres avant d'arborer à nouveau son sourire exquis :

"  - Désolé pour le faux espoir ma belle, va falloir attendre de retourner à ma bécane pour retrouver tes papiers. ".

Et puis là, miracle : elle se tenait face à lui, toute petite, toute fragile, toute sauvage. Indomptable. Edna Auxson-Reed. Il avait enfin retenu son prénom. Il s'humidifia les lèvres, respirant son haleine comme il le pouvait avec l'impression salace d'avoir sa bouche plaquée sur sa queue. Merde. Son rictus s'étira, comme si c'était encore possible :

"  - Ouais, évite d'me toucher ma puce, j'me sens au bord de l'orgasme rien qu'à te r'garder et à imaginer tes mains en train d'me fouiller. Par contre, tu m'en voudras pas non plus mais je suis pas très fouille rectale. ".

Il fit craquer les os de son cou avant de se pencher en avant, un peu plus sur elle pour intensifier la proximité entre les deux personnages :

"  - Ma foi, j'peux bien t'dire comment j'm'appelle. J'suis Richard Myers. Mes amis m'appellent Dick mais, l'ennui, c'est qu'je n'ai plus d'amis. ".

A contre cœur, il rompit le contact et lui tourna autour comme un animal en rut, fermant brièvement les yeux en humant le parfum de ses cheveux :

" - J'te cherche depuis un moment t'sais. J't'ai vu t'battre contre ces putain d'zombies. T'es une bonnasse dans ton genre. ".

Pour un peu, elle se dit qu'elle aurait peut-être mieux fait de conserver son fusil dans les mains. Histoire d'avoir quelque chose à tenir plutôt que les mains libres et tentées, voyez ? Et l'autre lui avoue que son portefeuille, elle peut s'asseoir dessus pour le moment, et qu'elle l'aura pas tout de suite. Et ça l'énerve. Ça l'énerve, mais elle n'en laisse rien paraître, soupirant de dépit simplement et retenant un juron bien senti. Elle l'observe, en chien de faïence, se tenant droite face à lui, dominée par l'homme plus grand qu'elle. Dans ses yeux, elle voit brûler un feu qu'elle connait bien, et elle imagine comment il doit être aussi dur que du bois au sud de la ceinture. Elle lui décoche un clin d'œil, taquine, levant les mains en l'air comme lors d'un hold-up, histoire de lui montrer qu'elle ne le touchera pas -pas tout de suite en tout cas.
« Dick Myers… » qu'elle répète en se mordillant la lèvre inférieure. Un surnom approprié, il n'y a pas à dire. Richard Myers, c'est trop formel. Trop long. "Richard", c'est surtout trop vieux, et trop chiant à hurler si besoin est. Dick, ça ira plus vite. Et puis ça l'insulte, aussi. C'est jamais mal, d'insulter un homme en chien, histoire de lui rappeler qu'on n'est pas sa chose.

« Ils sont lents et cons, c'est pas très intéressant à défoncer. » Elle hausse les épaules, met les mains dans ses poches, le suit du regard et finit par lui faire un croc en jambe, l'accompagner dans sa chute, doucement, pour pas faire trop de bruit… et s'asseoir sur le torse de l'homme, pour faire la causette. « Bon alors, tu m'excuseras pour mes manières qui laissent à désirer, mais j'te fais pas trop confiance et j'ai rien bouffé depuis trois jours. T'as l'air de garder tellement de trucs précieux sur ta bécane qu'il doit y avoir de la nourriture, right ? » Elle se cambre en arrière, le temps de tendre la main pour lui faire les poches et va pour se relever et partir à la chasse à la moto… Sauf qu'elle a sous-estimé le fameux Dick et que ses plans tombent à l'eau.

C'était complètement dingue. Insensé. Elle lui faisait tourner la tête comme jamais. Sa façon de se tenir, de le jauger du regard malgré sa taille et ce putain de regard, ouais. Un regard qui le fit frissonner au plus profond de lui. Le clin d’œil et les mains en l'air, c'était de trop. Il n'avait qu'une envie : poser ses mains sur ses seins, les lui malaxer et en profiter un max'. Il ne pouvait que dominer la situation ; plus fort et plus grand qu'elle, il ne lui suffirait que d'une claque pour la mettre à terre. Mais celle-là, non, il ne la voulait pas comme ça. Il la voulait, toute à lui, rien que pour lui et qu'elle continue à être sauvage. Il voulait la voir venir à elle, tout doucement, comme lorsque l'on apprivoise un chien enragé. Il voulait que ça monte, lentement mais sûrement, comme le plaisir qu'il allait lui procurer :

" - Ouais, Dick Myers. J'suppose qu'on est plutôt intime, si t'utilises déjà les abréviations. ".

C'était à son tour de lui faire un clin d’œil enjoliveur. Ouais, elle viendrait d'elle-même. Et il n'eut pas à attendre très longtemps. Il voulut lui répliquer que ce n'était que des morts, après tout, des morts qui bougent, mais des morts et que ces bêtes-là, ce n'était pas très vif d'esprit. Il voulut lui répliquer mais se retrouva dos contre terre, la jeune femme assise sur lui. Elle jouait déjà. Il adorait ça. Un ricanement rauque s'échappa de ses lèvres, tandis qu'il la laissa totalement faire. Il jouait les pauvres petites choses, à sa merci, même si elle était plutôt forte sous sa petite taille et son petit gabarit. Il savoura ses petites mains qui se baladaient dans ses poches, accroissant ainsi le désir et son érection :

" - Ouais j'cache des choses. Plein d'choses même. Surtout dans mon slip, t'veux jeter un coup d'oeil ? . ".

Bah, trop tard, elle se releva, ou tenta du moins. Au moment où le contact se rompit, il lui attrapa violemment le poignet, menaçant de le lui briser sous sa force et la fit basculer sous lui, imposant tout son poids sur elle, ne lui laissant aucun moyen de se glisser hors de son étreinte :

" - Oh, s'te plait, t'vas pas t'barrer maint'tnant, on s'amuse à peine... J't'avoue qu'la position précédente est pas l'une de mes préférées... ".

Si elle voulait jouer, elle serait servie. Il se pencha sur elle, léchant sa joue de bas en haut avant de lui murmurer :

" - Tu m'fais pas confiance ? Moi non plus j'me fais pas trop confiance, on est deux... Alors écoute-moi bien : t'vas être une gentille fille, tu m'pointes plus avec ton flingue, t'évites d'me foutre à terre et là on pourra discuter bouffe, eau, whatever, honey. Suis-je bien clair ? ".

Comme pour appuyer ses propos, il donna un bref coup de reins pour qu'elle puisse sentir oh combien il était sérieux.

Et voilà, en moins de temps qu'il en faut pour dire "Quidditch", elle est à terre, sous lui. Elle qui pensait que c'était un gros balourd avec 2 de QI, elle constate un peu tard qu'elle s'est fourvoyée. Et c'est embêtant, franchement, parce que bloquée comme ça, dans cette cage corporelle, elle sait qu'elle peut tenter tout ce qu'elle veut, elle ne sortira pas de sous Dick. Elle répond, pour autant, un peu en retard : « Pour l'avoir effleuré en cherchant tes clés, je sais ce que t'y caches. Instrument impressionnant », va-t-elle même jusqu'à concéder. Il lui raconte qu'il était pas particulièrement fan qu'elle soit assise sur son torse, et elle ricane avant de se moquer : « T'aurais préféré que je m'asseye directement sur ta tête, c'est ça ? »
Un hoquet de dégoût accompagne la langue du rustre sur sa douce joue alors qu'elle proteste : « Ah c'est dégueu, t'es vraiment un porc ! » Sans véhémence non plus, manquerait plus qu'elle attire les zombies qui sont dans le coin. Elle écoute à moitié ce qu'il lui dit, habituée à être prise de haut par les mâles qu'elle a pu croiser. Et tandis qu'il se presse contre elle, elle remercie son éclat de génie qui lui a dicté de mettre un pantalon -parce que c'est plus pratique pour courir pour fuir les zombies, et aussi pour éviter de se faire violer par un chien humain. « Dick, c'est pas parce que t'as une grosse envie que je vais être une gentille fille. Tu m'causes mieux ou j't'éclate une nouvelle fois. Mais d'abord, t'es gentil, tu t'relèves ou j'te fracasse les bijoux de famille. »
Menace bien vide quand on a les jambes écartées et un type bizarre qui se presse entre elles. Parions qu'il ne s'en rendra pas compte, trop aveuglé par cette envie pressante de s'enfoncer en elle. Mais dans un coin de sa tête, aplatie contre le sol, emprisonnée entre un plancher poussiéreux et un homme bien chaud, Edna sent que ça serait un miracle s'il s'écartait comme ça. Et surtout qu'elle risque encore de le sous-estimer, tandis qu'il lui broie toujours le poignet. « Faut que je dise "s'il te plaît" pour que tu m'lâches ? »

C'était comme savourer une belle entrecôte. Ou un filet mignon. Ou une putain de tartiflette. Comme vous préférez. Un bon petit plat, quoi, bien mijoté, préparé avec amour. Elle avait beau être en sueur, moite et toute grasse, sa peau avait meilleur goût que ce qu'il avait pu grignoter ces derniers temps. Il y avait bien autre chose qu'il aurait pu lécher, mais cela, il le gardait pour une prochaine fois. Il sentait la tension augmenter, sexuelle ou autre. Quelque chose entre eux-deux était en train de se créer, quelque chose qui lui plaisait bien. Et qui plaisait bien à son entre-jambe :

" - J'sais qu'j'en ai une grosse. D'habitude j'm'en vante pas, j'préfère laisser les gonzesses l'découvrir par elles-mêmes... Ca leur fait un beau cadeau. ".

It's my dick in a box, qu'il aurait pu chanter pour elle. Il aurait pu lui chanter n'importe quoi. Vivo per lei, Hey sexy lady, Mister Boombastic ou encore une ode pour la Carmen qu'elle était. Mais c'était elle qui chantait pour lui. Et c'était pas plus mal :

" - Bah, t'sais, j'suis pas un grand fan de préliminaire mais la prochaine fois, pas d'soucis, tu t'assoies sur ma gueule. J'te montrerai que j'sais bien m'servir d'ma langue. Et pas qu'pour lécher la joue des filles. ".

Il ricanait aussi, le mécano dérangé. Et oui, il n'était qu'un porc. Un porc qui s'assumait entièrement. Surtout entre les cuisses d'une aussi belle nana. Son sourire s'élargit davantage. Elle avait beau être sur-entraînée, elle ne valait rien si elle ne pouvait pas bouger. En l'occurrence, elle ne pouvait pas bouger :

" - Moi j'aime bien c'jeu. T'es coincée, t'peux pas bouger et t'commences à m'parler avec ta p'tite voix mielleuse. Et ouais, ce s'rait bien qu'tu m'dises... ".

Il racla sa voix et approcha ses lèvres des siennes, les effleurant à peine en prenant une petite voix suraiguë :

" - Oh, oui, s'il te plait Dick, sois gentil et lâche-moi, tu veux ? ".

C'était une situation amusante. Elle gardait tout de même un sang froid surprenant. C'était donc ça, être agent du gouvernement ? Même en étant certaine de se faire violer, on a pas sa langue dans sa poche ? Pour la peine, il lui vola un baiser, donnant à nouveau un coup de reins avant de se lever, hilare :

" - T'inquiète pas ma poule, j'vais rien t'faire. Sauf si t'es adepte du fantasme du viol. Là, on peut s'arranger. ".

Il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il aimait jouer et la voir rentrer dans sa danse l'excitait. Il préférait faire durer le jeu encore un moment.

Il en profite, le chien galeux ! À lui demander de se faire chatte docile et apprivoisée alors que la tigresse gronde toujours. Elle ricane, souffle un « Connard », sans pour autant obtempérer à la demande du monsieur. Plutôt crever que de lui sortir un "s'il te plaît" alors qu'il l'a eue en traitre. Il l'embrasse de force, elle ne résiste pas particulièrement, et répond même, avec cette passion animale qui n'a rien de très sentimentale. Bestial, le baiser prend fin aussi brusquement qu'il avait commencé (quoiqu'il la frôlait et la tentait depuis quelques secondes déjà, certes). Mais voilà qu'il se fait gentleman, se relève et l'aide à reprendre une position debout. Elle époussette son pantalon clair sans forcément se soucier de ce que son décolleté laisse paraître, puis redresse la tête vers Dick (l'homme, pas l'engin), pour nier clairement l'hypothèse lancer : « T'es mignon, mais y a que les relations forcées en bande qui pourraient m'intéresser. J'fais dans le haut de gamme, tu vois. » Elle minaude, l'espionne, joue avec les mots, se moque franchement des conneries qu'il peut proférer. Comme si elle pouvait avoir le fantasme secret de se faire prendre contre son consentement ! Le con !

Clés de la bécane toujours dans la main, la rousse s'approche de la fenêtre et observe au dehors, pour être sûre qu'aucun mort-vivant ne se balade dans les parages. La voie est libre, elle se retourne vers l'autre, anneau des clefs nonchalamment passé autour de son index. « J'ai une super idée. Tu vas retourner à ta bécane, récupérer ta bouffe et mon portefeuille… et puis tu reviens. Et moi, j'te couvre d'ici avec un fusil. » Avant d'ajouter, mutine, et défaisant le bouton du haut de son décolleté : « Je saurais te récompenser pour le voyage. T'acceptes les paiements en nature ? » Pour autant, elle reste à une distance relativement raisonnable, dos à la fenêtre, à une dizaine de pas de lui. Elle le toise. L'observe. Le détaille du regard. Et se surprend à imaginer le torse dénudé du rustre personnage.

Il y avait dans ses mots quelque chose qui le titillait. Oui, qu'elle continue à l'insulter, qu'elle lui crache au visage et qu'elle le frappe si cela la tentait. Il adorait ça. Elle se faisait féline, agressive mais ne se refusait pas à quelques baisers. Sauvage, coquine et s'il ne s'amusait pas à forcer le passage, elle serait intouchable. Au lieu de simplement l'embrasser, il aurait dû chatouiller sa langue de la sienne, peut-être l'aurait-elle mordu. Il aurait adoré, c'était certain. Mais sa langue, la petite diablesse, elle savait s'en servir. En espérant qu'elle sache la muscler autrement qu'en disant de la merde. Il s'humidifia les lèvres et ricana :

" - J'savais qu't'étais l'genre de nanas à adorer les plans à plusieurs... Gangbang ? Bondage ? BDSM ? Bukake ? Ouais... ".

Elle était bien capable de le faire rire. Non, il ne pouvait pas se résoudre à la prendre de force. Ce serait du gâchis. Il voulait la faire venir, doucement mais sûrement, jusqu'à lui. La belle rousse se mettrait elle-même à genoux en ouvrant grand la bouche. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas joué à ce petit jeu. Bien longtemps, qu'il avait cru en avoir oublié les règles. Mais c'était un peu comme le vélo ; on oublie jamais vraiment.

Et elle aussi, jouait. Les yeux de Dick s'était posée sur sa poitrine. Il fallait dire qu'avec un décolleté pareil, il aurait été dommage de ne pas en profiter. Sans se cacher, il se mordit la lèvre inférieure, scrutant la peau sous le haut qu'elle portait, jusqu'à ce qu'elle lui tourne le dos pour observer par la fenêtre. Elle agita les clés sous son nez. Oh que oui, elle savait jouer, la petite garce :

" - T'sais, j'ai l'impression qu'avec ta voix autoritaire et tes p'tites minaud'ries, j'vais jouir dans mon froc. ".

Il lui fit un clin d’œil, s'avançant prudemment jusqu'à elle pour enfin la coincer contre l'encadrement de la fenêtre. Sa main se posa sur son avant-bras, le lui relevant, remontant sa main pour la glisser dans la sienne et récupérer les clés. Ses yeux dans les siens, il lui sourit :

" - J'suis toujours partant pour un peu d'aventure et une bonne récompense mais, tu m'en voudras pas ? J'te fais pas confiance, tu m'fais pas confiance... J'crois qu'le mieux pour nous, c'est qu'on y aille ensemble. ".

Dick lui offrit son sourire le plus niais, battant des cils comme le ferait une pucelle. Il se frotta faiblement contre elle, se penchant à son oreille :

" - Et c'moi qui te récompens'rais. ".

Lentement, il se détacha d'elle. Bien sur, il était en train de bander, mais qu'est-ce que cela pouvait bien faire ? Il finissait toujours par obtenir ce qu'il voulait.