"Et après, t'avais ce mec devant toi Wade, t'as fais quoi ?" l'homme te scrute un moment. Tu peux voir qu'il est en colère parce que sa lèvre supérieure s'agite nerveusement, c'est même presque drôle. Tu entrouvres les lèvres, comme si tu mâchais un chewing-gum imaginaire, tes yeux qui jusque là le fixaient se détachent de lui et vont se poser sur le plafond gris sombre de la salle d'interrogatoire.
"'savez très bien ce que j'ai fais boss... - ouais mais tu vas me le dire de vive voix qu'on puisse faire ta déposition, p'tit con ! tu nous fout bien assez dans la merde comme ça pour jouer les malins", nouveau machouillement imaginaire, une moue traverse tes lèvres.
"C'était un des types qui ont eu Rachel, vous vouliez que j'fasse quoi bon sang... - Anders sainte mère de Dieu qu'est-ce-que-tu-as-fais ? c’est pas compliqué !" Sa manière de détacher les syllabes comme pour se faire mieux comprendre, comme si d'ordinaire tu pigeais pas ce qu'il disais, te gonfle. T'as l'impression d'être un cabot qui comprends pas les mots "va chercher".
"Ben j'lai butté". Par pur mimétisme, tu dresses ton index en forme de flingue sur sa tête et tu tires.
"Comme ça, "pan" ! dans les dents". Ça te fais rire, pas lui.
"Une dernière fois parce que tu commences à m'emmerder sévère ; tu sais ce qu'on veut t'entendre dire alors tu vas le dire, tu étais face à ce type et il s'est passé quoi ?" la déco minimaliste de l'endroit devient limite plombante après deux heures. Tu bailles et te balance sur ton siège avant de lever les yeux au ciel.
"Enfin merde quoi !! arrête de faire genre ! tu sais ce qu'il lui ont fait !" tu finis par te redresser et le regarder à nouveau, cette fois c'est un air sérieux que tu abordes.
"D'abord ils ont probablement essayé de la faire parler, puis ils l'ont butée", le ton monte, te rappeler de cette histoire te fout les glandes sévère.
"Et après ils nous l'ont renvoyée par petits bouts... tu te souviens pas ? c'était pas y'a si longtemps que ça pourtant !" le ton de ta voix est tranchant, pourtant tu sais qu'il n'y est pour rien, comme eux tous. T'as tellement de colère en toi que t'es près à la décharger sur n'importe qui. Tu grommelles et te laisses retomber sur ta chaise, fixant le plafond.
"Moi je suis tombé face à un de ces mecs j'ai pas réfléchis." Tu regrettes pas de lui avoir explosé la gueule avec ton 9mm en fait, alors pourquoi faire comme si ?
"Bordel Wade c'est quand même pas la première fois ! tu sais ce qu'on doit marquer, alors pourquoi t'arrête pas de faire chier et que tu le dis pas tout simplement, hein ? qu'on puisse tous sortir d'ici". T'avais jamais été du mauvais côté de la chaise, c'est pas l'endroit que tu préfères sur terre... tu placerais ça juste au dessus des chiottes public bien dégueulasses du Twiggy's auquel t'étais allé une fois. Il se lève, plaque ses mains d'un air énervé.
"On va te simplifier la tâche, d'accord ? tu vas répéter tranquillement après moi : il a sorti un flingue, et j'ai tiré pour me défendre", tu gonfles les joues et souffle ton exaspération... ça rime à quoi tout ça sérieux... qu'ils l'écrivent leur foutu rapport !
"Il a sorti un flingue et j'ai tiré avant lui" grommelles-tu aussi enjoué qu'un gastéropode mort séché au soleil. Satisfait, l'homme se lève de sa chaise et s'en va.
"T'es suspendu 2 semaines Anderson, je veux ta plaque et ton flingue sur mon bureau dans 10 minutes".
Daddy means they're broken ?
END OF THE WORLD JOUR J T'avais jamais été un grand fan de jeux vidéo et de ce genre de conneries, alors quand ton collègue t'avais soufflé, hagard
"c'est un zombie j'te jure !", tu lui avais ris au nez. Pourtant, le mec cloîtré dans la salle d'interrogatoire avait vraiment une salle gueule, tu devais l'avouer. Yeux injectés de sang, limite vitreux; toi, réaliste, tu t'étais dis que c'était un pauvre junkie en plein bad trip. Puis le gars s'est mis à niaquer tes collègues et en aussi peu de temps qu'il ne t'avais fallu pour dégainer ton arme et viser son tibia, t'avais fais une croix sur ton scepticisme.
END OF THE WORLD J+2"Il faut viser la tête" qu'elle t'avait dit de sa petit voix fluette, observant mi curieuse mi terrorisée le corps salement labouré qui se traînait par terre jusqu'à eux.
"Q... comment tu sais ça enfin ?" tu fronces les sourcils, te tournant vers elle pour lui lancer un regard faussement choqué. Au bout de tes bras ballants, un pied de biche crépis de sang, tu l'as piqué à ton voisin mais t'es presque certain que là où il est c’est le dernier de ses soucis. Elle hausse les épaules d'un sourire ingénu.
"C'est le grand frère de Charly qui disait ça quand il jouait ! il faisait comme ça : Mais t'es nul ! tu sais pas jouer, faut viser la tête, noob. Son imitation de l'adolescent pré pubère qui servait de fils aux Harrington te laisse pantois.
"Ferme les yeux ma puce" tu souffles doucement, passant une main dans ses cheveux blonds.
Essuyant d'une main le liquide rouge qui avait giclé jusque sur ta joue, tu pousses le cadavre de l'homme d'un coup de pieds sur son flanc. Le corps inerte roule dans un fossé, ne s'arrêtant que lorsqu'il toucha le sol quelque mètre en contrebas.