GINA/Retina

PAYS/VILLE D'ORIGINE : née à Washington DC, américaine de pure souche. A déménagé assez vite à New York et y a passé toute sa vie, jusqu'à l'apocalypse.
MÉTIER EXERCÉ AVANT L'APOCALYPSE : Fut mannequin de lingerie dans sa prime jeunesse (19-24 ans) ; chargée de communication dans une boite de haute-couture (24-27 ans) ; Femme au foyer, mère  de famille (28-32 ans) ; Auto-entrepreneuse dans une entreprise de conseils en stratégie (depuis 34 ans) ; Trafiquante d'armes dans la pègre new-yorkaise (depuis ses 35 ans).
ARME(S) POSSÉDÉE(S) : Une tronçonneuse (qui s'active à la main, comme ça, on survit à la disparition de l'électricité) et un pied de biche. La tronçonneuse, ça fait du bruit ; le pied de biche, ça fait des dégâts. Pas d'armes à feu, ce qui pour une traficante d'armes est assez ironique en fin de compte.
LOCALISATION ACTUELLE : ON LE SAURAIT SI CET IMBÉCILE DE SILVER SAVAIT LIRE UNE CARTE. Ah, Muldraugh ? Ça doit être ça, Dan, sans doute.
SAFE ZONE : Elle a abandonné son luxueux duplex formidablement lumineux sur la 3rd Avenue, entre la 68 e et la 69, pour une safe house où elle est coincée avec Silver et Dan. Tout ça parce qu'ils se sont rendus compte que dormir à la belle étoile était peu sûr dans un monde où les zombies sont attirés par le bruit (cris et insultes qu'ils se balançaient à la figure avec Silver).
AUTRE : • Elle s'appelle Retina (la faute à un employé peu scrupuleux de l'état civil américain, en pleine période d'informatisation des données, qui n'a pas vérifié ce qu'il tapait et qui, comme un imbécile, a tapé un "t" à la place d'un "g" ; et la faute aussi aux parents de retina, qui ont cru pendant dix ans que leur fille s'appelait, comme ils le souhaitaient, Regina) Pour information, l'héritière Medbewn se fait appeler Gina, parce qu'elle a passé dix ans à se faire appeler ainsi par ses amies du même âge. Seuls les imbéciles qui ne la connaissent que depuis l'après-Rome l'appellent Retina, ou Tina éventuellement. Ceux-là, elle rêve un jour de les abattre froidement d'une balle dans la nuque.
• Son ex-mari a trouvé ça intelligent de la discréditer totalement lorsqu'ils ont divorcé : il a obtenu la pleine garde de leur fils unique, Dan, treize ans. Depuis, ils se détestent mutuellement, et le problème, c'est qu'ils se sont retrouvés à devoir travailler ensemble dans le trafic d'armes. Bien entendu, ils en étaient ravis.
• Quand elle trafiquait des armes, on l'appelait "Black Mama". Référence à son blouson en cuir noir et le voile qu'elle entourait souvent autour de sa tête. Pas qu'elle soit particulièrement religieuse, non. Simplement pour qu'un péquenaud ne puisse pas l'identifier. Ce surnom ne correspond pas du tout à ce à quoi on peut s'attendre, en fait, mais il est gage de qualité : les armes qu'elle vend sont bonnes et intraçables (ou presque).

Ils sont en route pour Muldraugh, du moins est-ce ce que leur indique le dernier poteau qu'ils ont croisé. Silver derrière, Gina devant, et Dan au milieu, qui avance en rythme et finit par demander à ses deux parents la question fatidique : « Comment vous êtes tombés amoureux ? » Gina pile, tourne la tête vers son ex-mari. Elle a l'air consternée, agacée. Elle a un peu envie de hurler qu'elle se demande bien comment ils sont tombés amoureux, tiens. Pour autant, ils ne doivent pas hurler, sinon ils risqueraient d'attirer des zombies, comme la dernière fois (à peine 24h plus tôt). Alors elle détourne le regard et fait mine de surveiller l'horizon tout en poursuivant son avancée. Silver, de son côté, pousse un long soupir.
« Je t'ai déjà dit comment on s'était rencontré. Ta mère était mannequin et je travaillais sur mes premières publicités. On s'est croisé sur un shooting.
- C'est pas la question. »
Gina esquisse un ricanement infime. et puis se reprend parce que le fiston l'observe.
« Ton imbécile de père a trouvé amusant mon état civil. C'est comme ça qu'on a commencé à parler.
- C'est toujours pas la question., insiste l'adolescent.
- Qui te dit qu'on a été amoureux ?
- Gina… Papa, allez, dis. »
Leur enfant se retourne vers Silver, marche à l'envers pour obtenir les réponses qu'il veut.
« Tu remarqueras que je ne t'ai jamais appelé Tina, ou Retina. Tu vois, peut-être que je t'ai aimé, finalement. Elle tourne de nouveau la tête vers lui, et repère son sourire moqueur. On a commencé à parler et... quoi, on a baisé le soir même, ou le lendemain ?
- Papa.
- Dan, t'as treize ans, les gens baisent pour avoir des enfants et même pour ne pas en avoir. Et puis je pense que ça a commencé là. On a commencé à se voir et je sais pas... t'as été amoureuse, toi ? »
Elle s'arrête, scrute le paysage qui s'étend sous leurs yeux, songeuse… et finit par reconnaître.
« Je suppose, ouais. Peut-être. Pour avoir un enfant avec toi, fallait bien que je me dise que t'étais quelque chose comme l'homme de ma vie. Mais au départ c'était que du cul, c'est sûr.
- Gina., l'interrompt le gamin gêné.
- Dan, je suis d'accord avec ton père : t'as l'âge de savoir ce genre de choses. Et puis t'as demandé. Une pause. On a dû s'aimer un peu, à être restés ensemble aussi longtemps -huit, neuf ans ? Mais je me demande bien ce que j'ai pu te trouver, Silver.
- Et tu crois quoi ? Que je ne me pose pas la même question ? Il soupire une nouvelle fois. Alors que j'en connais la réponse. T'étais belle, t'étais indépendante, tu ne te laissais pas marcher sur les pieds... et j'étais encore plus con que toi, faut croire, pour vouloir te passer la bague au doigt. Heureusement, la tendance s'est inversée.
- Je suis toujours belle et indépendante, et ça t'a exaspéré, ouais.
- Vous pouvez ne pas vous battre ?, hasarde leur fils.
- On a une discussion entre adultes tout à fait posée. Je dirais même que ça doit être la plus posée qu'on ait eu depuis un bon bout de temps.
- C'est sûr que vous ouvrez la bouche pour vous crier dessus tout le temps.
- C'est bien toi qui a appris à cet enfant à être aussi irrespectueux, bravo !
- Irrespectueux, mon cul, c'est toi qui est pas foutue de voir que je l'ai bien mieux élevé que si tu avais eu sa garde. Et si j'ai déjà été amoureux de toi, c'est fini depuis longtemps, parce que t'es une impossible emmerdeuse.
- Je te signale qu'on ne saura jamais ce que ça aurait été si je m'étais occupée de l'élever vu que TU as tout fait pour me savonner la planche avant même que j'ouvre la bouche chez le juge. Je suis une impossible emmerdeuse, mais t'es rien qu'un sombre connard, Marsh. »
Et sur ce, furax, Gina s'éloigne d'eux à grandes enjambées et en silence, tout en leur faisant signe de rester sur place. La raison ? Un groupe de zombies qu'elle a aperçu et à qui elle va aller casser la gueule histoire de passer ses nerfs sur quelque chose d'autre qu'un certain Silvester Marsh.
Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'elle revient, quelques mèches s'étant échappées de son chignon grossier, des tâches de sang supplémentaires sur ses habits. Tout en essuyant le pied de biche sanguinolent sur son pantalon, elle agrémente son retour d'un « Toi, ta gueule. » à l'adresse de Silver, qui trouve spirituel de commenter à l'adresse de Daniel : « C'est donc ainsi que je suis tombé amoureux de ta mère. Elle me menait la vie dure, était incapable de tenir sa langue, n'avait rien à foutre de mon opinion et avait comme objectif premier de me faire chier jusqu'à ce que j'en meure. Ça m'a charmé, je l'ai épousé et on a eu un enfant. »
De son côté, Gina croise le regard insistant dudit enfant, dont elle n'est pas dupe. « Toi, tu vas arrêter de rester au soleil trop longtemps sans chapeau, ça te grille la cervelle. » Pour autant, Silver poursuit, faisant clairement exprès de la provoquer :
« Et tu aurais du entendre les vœux... elle a dit qu'elle m'aimait, me respectait, me suivrait au bout du monde, me ferait des enfants, la cuisine, les pantoufles...
- J'ai jamais dit que je te ferais la cuisine. J'ai dit que je repriserai tes chaussettes, parce que t'étais une tanche et que tu risquais de te percer l'œil en t'amusant avec une aiguille.
Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres, puis elle lève les yeux au ciel : elle s'est pris au jeu bêtement, tombée dans le piège grossier de son ex-époux… et de leur rejeton.
« … Dan, si tu crois qu'on ne se doute pas de ce que t'essaies de faire, petit malin… 
- Hein, quoi, que, moi ? Jamais, Gina, ja-mais.
- Ta prochaine question, ç'allait pas être un truc du genre "Pourquoi vous vous remettez pas ensemble ?"
- Eh merde., dépité, encore percé à jour.
- On a déjà essayé. Avant le divorce, évidemment. Et... ça a été un échec, ça a rendu ta mère coooooomplètement dingue de me perdre. »
Ladite mère le frappe au niveau de l'épaule d'un poing fermé brutalement. Pour ensuite feindre d'être désolée : « Oh, désolée, un réflexe qui me vient de quand t'as commencé à devenir une véritable enflure., sous le regard consterné de leur progéniture.
- Tu as seulement remarqué trop tard que j'ai toujours été une véritable enflure. Content, Dan ? T'as eu la réponse à ta question ?
- Aaah, ça doit être ça. Vu comme ça, ça explique beaucoup de choses…
- Non, mais de toute façon, j'crois que j'aurais jamais ce que je veux. »


Le comble de l'ironie, c'est quand même que la première personne que Gina a appelé quand l'épidémie a été déclarée et que les morts-vivants ont commencé à s'empiler dans les ruelles de New York City, c'était Silver Marsh (contact "Trou du Cul suprême" sur son portable). Tout ça pour s'assurer que Dan était en sécurité. Peut-être un peu pour avoir la confirmation que son arch-nemesis était encore en vie, aussi. Peut-être. Mais simplement pour pouvoir lui péter la gueule à coups de ranger dans la face.
Et depuis, les voilà sur les routes ensemble, dans un road trip chaotique beaucoup moins glamour que des vacances en famille.